Une discussion entre sœurs, un livre conseillé, et me voilà à écrire un article sur cette magnifique découverte (merci Mymy). C'est parti !
"Petit Pays" est un ouvrage écrit par Gaël Faye, un artiste portant plusieurs casquettes : il est chanteur/compositeur/interprète ET romancier. Dans ce livre, l'auteur porte un regard d'enfant sur la situation critique du Rwanda et de son pays, le Burundi, durant les années 90. C'est inspiré de son histoire personnelle, mais pour autant, ce n'est pas totalement une autobiographie.
Le livre a notamment reçu le Prix Goncourt des lycéens en 2016.
Quelques temps après avoir lu ce livre, j’apprenais qu'il allait être adapté au cinéma : QUELLE JOIE ! Néanmoins, j'appréhendais aussi un peu : l'adaptation au cinéma serait-elle à la hauteur du livre ?
Avant de débuter, voilà une petite introduction sur l'histoire de "Petit Pays" :
Nous nous situons dans les années 90, au Burundi, pays voisin du Rwanda. Nous suivons les aventures de Gabriel et de ses copains. Gabriel, et sa sœur Ana, vivent avec leurs parents (leur mère est Rwandaise et leur père est français) dans un quartier dit "bourgeois" de la ville. Lui et ses amis s'amusent, se retrouvent et refont le monde. Cependant, le quotidien de ces enfants et des habitants bascule du jour au lendemain. La guerre civile éclate entre deux ethnies : les Hutus et les Tutsis.
Il y a quelques jours donc, je me suis rendue au cinéma afin de voir ce film que j'attendais avec impatience. Et je ne suis absolument pas déçue du résultat : Le film retranscrit avec justesse l'histoire d'une enfance brisée et l'arrivée brutale de la crise politique au Rwanda.
En comparaison avec le livre, j'ai trouvé que le film était encore plus violent. Le réalisateur nous met face à ces actes cruels et barbares. Les scènes étaient beaucoup plus dures et difficiles à regarder à certains moments. Elles nous font sombrer de plus en plus dans la peur, dans le chaos. L'innocence enfantine est alors transformée.
En effet, cette transformation évolue au fur et à mesure dans le film. Plus l'histoire avance, et plus les enfants agissent comme des adultes et commettent parfois l'irréparable. Leurs discussions et leurs expressions changent, mais aussi et surtout, leur innocence disparaît. C'est assez bluffant et déroutant.
Ce n'est pas pour autant un mauvais point de montrer autant de violence au spectateur : il est important de rappeler cette période difficile, et de montrer la rapidité à laquelle la haine des Hutus envers les Tutsis est montée. Une haine toujours aussi difficile à expliquer.
Mais malgré ce contexte anxiogène, le réalisateur a réussi à capturer la beauté de ce pays. Les paysages sont d'une beauté foudroyante. "Petit Pays" arrive à éveiller nos sens et nous transporte. J'ai trouvé ça poétique, notamment avec les plans filmés dans les jardins. Ces scènes nous rappellent que Gabriel est encore un enfant, plein de sensibilité, vulnérable, curieux.
Je voudrais également faire une petite parenthèse sur les acteurs. J'ai été très touchée et bluffée par la prestation de chacun des acteurs. Excepté Jean-Paul Rouve -qui joue le père-, le casting est assez nouveau, et ce n'est pas pour me déplaire. En effet, je trouve que cela rend l'histoire encore plus réelle. Par exemple, l'actrice jouant la maman de Gaby et Ana, Isabelle Kabano, est Rwandaise. Les enfants aussi sont très talentueux, et très attachants.
Avant de lire ce livre et de voir le film, je ne connaissais pas grand chose du Rwanda et du Burundi. J'avais évidemment entendu parler du génocide de 1994, mais je ne m'y étais jamais intéressée en profondeur. Grâce à cette histoire, j'en ai appris un peu plus sur ce peuple, sur leur culture, et également sur la façon dont a été gérée et vécue cette guerre civile.
Avec Eric Barbier à la réalisation (il a notamment réalisé "La promesse de l'Aube", une adaptation de l’œuvre de l'auteur Romain Gary), Petit Pays est selon moi, un beau devoir de mémoire. Le génocide Rwandais est très peu représenté au cinéma, mais le réalisateur a relevé le défi haut la main.
Petit Pays, c'est un film (mais surtout un livre) poignant, touchant. Alors, pour te convaincre encore un peu plus, je te laisse avec la bande-annonce du film, sublimée par la chanson de Gäel Faye!
Sarah.
Comentarios