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L'adieu, la nouvelle sensation du cinéma asiatique


Comme l’indique le titre, l’Adieu traite de l’au revoir, le vrai, celui qui fait mal. Il ne s’agit pas de l’au revoir de fin de colo, de fin de lycée, ou plus tard, de ton pote qui part en Erasmus que tu ne reverras pas pendant 1 an. Âmes sensibles s’abstenir, le sujet de ce film est celui d’un au revoir certain, d’un adieu, quand tu sais que tu ne reverras pas la personne. C’est l’histoire d’une jeune femme de trente ans qui apprend que sa grand-mère est mourante.


Mais on ne peut pas résumer ce film à cette simple phrase. Billy a la trentaine, elle vit à New York et est issue d’une famille d’origine chinoise. Ses parents vivent également aux États-Unis, mais il lui reste plusieurs attaches encore en Chine, notamment tout un pan de la famille de son père, et par-dessus tout sa grand-mère Nai Nai. Outre ce prénom encore plus mignon qu’un Baby Yoda (si t’as la réf, bravo tu es officiellement addicte aux réseaux sociaux !!), ce personnage représente nos grands-mères à tous. Elle est ultra attachante, complètement déconnectée de la réalité du monde moderne, mais te fera toujours manger ton plat en entier parce que t’as un peu maigri ces derniers temps.


Billy appelle souvent sa grand-mère parce qu’en bonne trentenaire new-yorkaise perdue et fauchée, son seul remède sont les appels réguliers de Nai Nai. Cependant ce repère indispensable à ses yeux va être chamboulé, puisque Nai Nai est malade, et il ne lui reste plus que quelques mois à vivre selon les médecins.


Là où le film prend tout son sens, c’est sur la manière dont la famille va gérer cette nouvelle. En réalité, en Chine, une pratique très répandue est celle de ne pas dire à la personne malade, qu’elle va bientôt mourir. Ainsi, toute la famille est au courant, sauf la principale intéressée. À nos yeux d’occidentaux, il est inconcevable de mentir à un tel niveau. Comme Billy, on a l’impression qu’on vole une partie de la vie de la personne concernée, qu’on ne lui permet pas d’accéder à la vérité, ni de lui accorder le choix. Et pour moi, ce choix sur la manière dont on veut vivre les derniers mois de sa vie, est un choix très personnel, qu’on devrait avoir le droit de faire. Alors aux côtés de Billy et de cette famille, on apprend donc à relativiser toutes ces insécurités. On apprend surtout un dicton chinois ancestral selon lequel quand tu as le cancer tu meures, mais ce n’est pas le cancer qui te tue c’est la peur. Bien sûr, tout au long du film, à voir cette famille dysfonctionnelle se battre autour de ce mensonge, on a envie qu’éclate la vérité. À mes yeux, là est toute la force de ce film. Le spectateur est lui-même plongé dans un dilemme qu’au fond personne ne peut trancher. Vaut-il mieux annoncer à quelqu’un sa maladie et qu’elle vive seulement en fonction de celle-ci ? Ou faut-il lui cacher pour qu’elle continue sa vie comme si de rien n’était ?


La leçon que j’ai tiré de ce film, c’est avant tout les divergences de pensée entre l’occident et l’orient. Cet aspect est clairement cité dans le film. En occident, et cela semble tout à fait normal pour nous, l’individu n’appartient à personne. On est maître de notre corps et de notre esprit. Sans aller jusqu’à dire qu’en orient on ne s’appartient pas (mon petit côté bobo féministe m’en empêche), on nous explique qu’en orient la personne se conçoit dans un ensemble. En effet, à petite échelle, l’individu fait partie d’une famille, et plus largement d’une société. Si l’on agit c’est toujours en regardant les conséquences sur cette famille, sur ce groupement d’autres individus dans lequel on s’insère. « L’adieu » nous donne donc tous les éléments pour se prendre une bonne claque et pour faire réfléchir nos petites têtes formatées. A savoir ce que tu recherches dans un film, mais perso j’aime lorsqu’un réalisateur arrive à te faire repenser ta conception des choses. Et quelle chose ! Le deuil, outre les divergences Orient/Occident, c’est aussi un état très personnel. Il y a soi-disant des étapes à suivre, mais on gère surtout comme on peut. Et pour cette famille, il ne s’agit pas d’un mensonge. En réalité, il s’agit d’une responsabilité pour tous ces membres qui doivent supporter la charge de ce deuil à la place du mourant, pour lui éviter toute la douleur de l’adieu.


© SND / Big Beach Films


En résumé, Awkwafina (Billy), étoile montante de la scène culturelle américaine, et comédienne engagée, a interprété un rôle et a porté une histoire dont on ne savait pas qu’on avait besoin. Malgré les longueurs de ce film, on en ressort touché par l’histoire de cette famille qui nous rappelle tant la nôtre. Si on fait encore un peu plus nos fragiles, on pourrait aller jusqu’à dire qu’une famille on a beau ne pas pouvoir tous se les encadrer, c’est quand même essentiel à notre équilibre. Alors gros big-up à toutes les grands-mères !


Flo.


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